opéra de chambre en huit tableaux
Formation: 3 voix de femmes: soprano léger, soprano lyrique, mezzo-soprano
3 instruments solistes sur scène: clarinette basse en sib, saxophone alto en mib, violoncelle
orchestre: flûte (flûte en sol et piccolo) / hautbois (cor anglais) / clarinette (clarinette basse en sib, petite clarinette en mib) / cor en fa / trompette en ut / trombone ténor-basse / 2 percussions / 2 violons / alto / violoncelle / contrebasse (5 cordes)

Argument:
Au bord de la mer, trois jeunes filles «veillent les heures qui passent». C’est le moment qui précède l'aurore. Les jeunes filles parlent en apparence pour ne rien dire. Elles parlent pour conjurer le silence, qui est la menace du non-être, ou d’un être autre, qui est un effrayant mystère. Elles se proposent successivement de raconter des histoires vraies, mais cela n’existe pas, de chanter, puis d’imaginer, de rêver. La deuxième veilleuse raconte le rêve qu’elle a fait d'un marin abandonné dans une île lointaine; lui-même rêve d'une patrie où il est né, qu'il a oublié. Mais au moment où elle va comprendre et exprimer le sens de son rêve, elle s’interrompt, saisie de frayeur: elle a atteint une limite, qu’il lui est interdit de transgresser «Aucun rêve ne finit…».


créé le 1er septembre 1999 au Festival Amadeus de Meinier, Genève
Durée: 60 minutes
E.Pa. 0134 / 150.- CHF
matériel d’orchestre en location


Reflets de la presse

Xavier Dayer a élaboré les huit tableaux de son «opéra de chambre» à partir du «drame statique», Le Marin de Fernando Pessoa. Il en a fait une musique exigeante, sans complaisance, ni concession, rauque, tendre ou violente, étale ou ramassée, traversée d’éclats et de ruptures, et où le ténu arachnéen des sons s’entoure de mystère et de silence. D'ailleurs, le moment fort, émouvant, est celui de l'évocation du marin par Elisabeth Baudry, la deuxième veilleuse. Un moment qui se déroule dans un climat quasi religieux ou mystique, porté piano di molto au bord du gouffre par une sorte de litanie sur la même note répétée. En toute fin d’ouvrage, l’apparition fracassante d’un messager anonyme venu de l’extérieur signifiera la rupture d'avec le rêve, et le retour à la réalité la plus crue, la plus triviale. Et cette chute produit, si l’on veut, un peu le même choc définitif et scandaleux que l’unique «non» du Malentendu de Camus.

Daniel Robellaz, La Tribune de Genève, Genève, 3 septembre 1999

Xavier Dayer est parvenu à respecter la poésie si particulière de Pessoa et à lui adjoindre la grâce de son propre monde sonore. Ne serait-ce qu’à ce titre, cet opéra ce chambre est une réussite.

Renaud Machart, Le Monde, Paris, 4 septembre 1999

Xavier Dayer maîtrise les éléments qui font qu'une œuvre lyrique, mystérieusement, tient.

Jean-Jacques Roth, Le Temps, Genève, 3 septembre 1999

Xavier Dayer, du haut de ses 27 ans, l'âge de Pessoa écrivant Le Marin, est un compositeur de vaste culture… Si sa qualité première n'est peut-être pas la veine dramatique, ses personnages sont en tout cas des êtres de pure poésie.

Philippe Andriot, Opéra International, n° 240, Paris, novembre 1999